Sources : pour vous parler de ce sujet je me sers des travaux de Stéphanie Pache, docteure en sociologie et qui s’intéresse notamment à l’histoire contemporaine de la santé mentale.
Les thérapies féministes : l'origine
Les thérapies féministes, c’est quoi ? C’est d’abord une action politique collective militante et féministe des années 60 qui s’inscrit dans la 2ème vague féministe des États-Unis. Vous savez celle qui se concentre sur les questions de sexualité, de la place de la femme au sein du foyer et des violences conjugales.
Ainsi, des thérapeutes en formation ou formé.e.s, des travailleurs sociaux, des militant.e.s souhaitent proposer une alternative thérapeutique. En quel honneur ? Les praticien.ne.s considèrent les pratiques dominantes comme maltraitantes et ne remettant pas en cause les systèmes d’oppression.
Aux État-Unis, l’idée dans les théories et pratiques psychothérapeutiques, est que la souffrance des individus n’est que le résultat d’une trajectoire personnelle et des aléas de la vie.
À cela on peut ajouter le fait que la psychanalyse se base sur les travaux de Freud et Lacan dont le point de référence n’est autre que “l’homme et donc le phallus”, d’après Silvia Lippi. En aucun cas donc, la société n’entre en ligne de compte. Le mal-être d’une personne ne tiendrait que d’un problème privé, individuel et non public et collectif.
Sauf que les thérapeutes féministes ne l’entendent pas de cette oreille. Deux syndrômes émergent et mettent la société au cœur de la souffrance des individus dans un contexte de violences. Il n’y a pas de neutralité thérapeutique pour ces praticien.ne.s et leur souhait est sans équivoque : protéger leur.s patient.e.s en ouvrant une possible contestation sociale.
En 1979, Lenore Walker, psychologue et professeure en psychologie américaine écrit “The Battered Woman”. Elle met en lumière le “syndrôme des femmes battues” au sein du couple. Bien qu’utilisé à son apparition dans un contexte juridique entre autre, ce dernier fait débat et n’est pas institutionnalisé contrairement au “syndrome de stress post-traumatique” (PTSD), dont je suis sûre, vous avez déjà entendu parler !
Le PTSD a été inscrit dans la 3ème version du manuel de psychiatrie américaine (DSM) dans les années 80. On le doit à la collaboration entre féministes et vétérans de guerre. Ces derniers ont cherché à montrer leur non-responsabilité des symptômes dont ils souffraient pour obtenir une pension d’invalidité et les féministes souhaitaient quant à elles, affirmer la non-culpabilité des victimes de violences sexistes et sexuelles.
Il s’agit du premier syndrôme inscrit dans le DSM trouvant sa source en externe. La souffrance des individus est due à une cause sociale ! C’est parce que les personnes sont victimes d’un système oppresseur que leur souffrance existe.
Les thérapies féministes : l'impact sur les victimes de violences sexistes et sexuelles
Cette approche est profondément déculpabilisante pour les victimes ! En aucun cas, elles ne sont à blâmer moralement et à mettre en cause dans les violences subies. Via cette approche, les personnes réalisent l’origine de leur mal-être, perçoivent les possibilités de réparation avec une appréhension du contexte d’un système oppresseur et bien entendu les limites d’action. Cette prise de conscience a pour effet l’émancipation individuelle, mais peut également déboucher sur une émancipation collective. Cette action militante constitue durant cette période une volonté très forte de se réapproprier “sa tête”.
Via ces thérapies, les praticien.ne.s souhaitent mettre en place une relation thérapeutique égalitaire. C’est le/la patient.e qui décide de ses objectifs et qui est accompagné.e par le/la praticien.ne.
Causette en février dernier intitulait un article “La thérapie féministe commence à émerger en France, et les patientes la réclament”. Stéphanie Pache y raconte qu’il y a 15 ans elle parlait dans le vide en France, contrairement à ce qui se passe aux Etat-Unis ou encore en Espagne. Mais je suis plutôt d’accord avec le fait qu’il y ait du mouvement dans l’hexagone à ce sujet.
Et pour preuve, Camille Teste sort Politiser le bien-être en 2023 ! Alors bien sûr, elle parle d’un sujet plus large que les psychothérapies mais il faut le dire, beaucoup d’éléments se recoupent entre ce qu’elle propose dans le secteur du bien-être et ce que les féministes des années 60 réclamaient avec leur nouvelle approche.
On trouve une volonté au sein de l’ouvrage de proposer des guidelines dont les 3 premières résonnent fortement avec les attentes des thérapeutes féministes :
- La prise de conscience que nous vivons dans des systèmes d’oppression
- Le fait d’être trauma-informé.e
- La volonté de proposer une pratique horizontale
- Le désir d’accompagner tous les corps
- Le fait d’entretenir la culture du consentement
- Respecter la culture de la pratique que nous utilisons en s’intéressant à ses origines
À la lecture de l’histoire des thérapies féministes, et la revendication de politisation du bien être, je manifeste ici le fait de m’inscrire avec ma pratique en sophrologie dans ce courant militant !
Et comme le dirait la journaliste de Causette, “les patient.e.s réclament ce type de pratique”, je vous propose de découvrir des thérapeutes, praticien.ne.s qui à travers ce que j’appelle leur “Feminist care manifesto”, vous explique en 15 min de live sur Insta, en quoi leur pratique est féministe, en quoi elle est engagée et comment elle peut aider toustes celleux qui ont envie d’une alternative à ce qui est proposé en France aujourd’hui !
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